samedi 14 mai 2011

Construction d’une société numérique

Une idée répandue dans le grand public, est que nous vivons une révolution numérique depuis l’arrivée d’Internet en général et des réseaux sociaux en particuliers. De nombreux exemples sont utilisés dans les médias pour prophétiser ou témoigner de profonds bouleversements. L’actualité nous a donné plusieurs fois l’occasion de voir comment le monde réel pouvait se refléter et quelquefois s’amplifier dans les réseaux sociaux. Ainsi, après les élections Iraniennes de 2009 et les protestations qui avaient suivi, le réseau Twitter s’était fait le relais des opposants qui trouvaient là une caisse de résonance à leurs revendications. Plus récemment, certains ont glosé sur l’importance de Facebook ou de Twitter dans la « révolution » tunisienne. Ainsi, le virtuel, pensé autrefois comme hypothétique, est devenu aux yeux de certains l’endroit où se pense et se prépare le futur monde réel.

 

Cette attitude est dans le droit fil d’une pensée née très tôt sur la capacité des technologies de l’information à décupler les facultés cognitives des humains (Bush, Engelbard) par l’utilisation d’outils collaboratifs et autres systèmes hypertextuels dont l’organisation mimerait notre cerveau humain puis évoluerait avec l’intelligence collective. Cette hypothèse a en effet retrouvé vigueur avec le développement aujourd’hui des réseaux sociaux. Il nous est apparu important de prendre du recul et essayer de déconstruire ce dogme qui voudrait nous conduire à penser que l’humanité entière serait bientôt réunie dans un même cyberespace, mettant en œuvre une formidable capacité cognitive pour le bien de tous.

 

Loin du sensationnel, force est de constater qu’après la révolution industrielle nous sommes en train de vivre une « révolution numérique », et qu’elle est sans doute encore plus profonde et sensationnelle que ce que nous voulons bien en voir.

 

La révolution industrielle, même si elle avait transformé nos campagnes, nos cités et dans une large mesure nos façons de vivre, n’avait pas cette ampleur. Parce que la technologie de l’époque, couteuse, encombrante et complexe ne pouvait pas être mise en œuvre n’importe comment par n’importe qui. En revanche, le numérique et les dispositifs qui permettent de le mettre en œuvre sont devenus d’un coût presque marginal et nous pouvons voir de simples individus acquérir sur certains créneaux la capacité de concurrencer des multinationales.

 

C ‘est ainsi que nous pouvons encore constater qu’à l’heure du numérique les notions de genre, d’âge et autres frontières traditionnelles entre les humains sont bouleversées.

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Marc Augier